Mini âge glaciaire et éruptions volcaniques en 1789, sécheresse en 2010 Les forces de la nature augmentent le prix du blé et poussent à la révolution
Mêmes causes, mêmes effets. Avec plus de deux cents ans d’écart, les hausses du prix du pain ont conduit les foules à se révolter et à vouloir en finir avec des régimes qu’elles ne supportaient plus depuis des années. En France en 1789 comme dans le Maghreb en 2010, les forces de la nature leur ont semble-t-il donné un coup de pouce pour arriver à leurs fins !
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Nous n’avons pas fini de mesurer les répercussions de la sécheresse de 2010 en Russie de l’été dernier. Outre les destructions des récoltes de l’année et la production compromise pour 2011, il faut ajouter bientôt l’effondrement de deux régimes du Maghreb.
Les forces de la nature ont raison des régimes autoritaires et vacillants. A des milliers de kilomètres, c’est les prix du blé et du pain qui ont porté la foule à se révolter et à vouloir mettre fin à des régimes dictatoriaux qui, non seulement ne lui garantissaient pas, depuis des années les libertés fondamentales, mais qui n’étaient plus, dorénavant, en mesure de nourrir la population.
Les évènements dans le Maghreb de ces dernières semaines ne sont pas sans rappeler ceux qui ont conduit à la révolution française et au renversement de l’ancien régime en 1789. Les historiens s’accordent à dire que les émissions volcaniques simultanées de deux volcans islandais et japonais, dénommés Laki et Asama, combinées aux effets du « petit âge glaciaire », ont conduit en France à de mauvaises récoltes successives, à la famine, puis le peuple à se révolter en 1789.
Les régimes autoritaires sont d’autant plus vulnérables qu’ils
n’ont pas les moyens sur le long terme de nourrir leurs populations
Cette année, ce sont deux régimes vacillants, épuisés, qui ne tenaient que par la menace, la force et avec le soutien de puissances extérieures, qui s'effondrent. Ce ne sont plus dorénavant les émeutes de la faim, que les régimes autoritaires redoutent le plus, mais leur fin. Le mouvement prend de l’ampleur.
Après la Tunisie, c’est au tour l’Egypte de trembler mais aussi depuis peu la Jordanie et auparavant le Gabon. Quelques manifestations se sont déroulées aussi en Algérie. Mais riche de son pétrole, le pays a calmé les foules en réduisant les taxes de certains aliments de base pour atténuer la hausse des prix. Mais pour combien de temps ?
« Supportés » et difficilement attaquables en période de croissance, les régimes autoritaires ont été contestés dès que la farine est venue à manquer ou tout au moins, dès que le prix du pain a augmenté, l’Etat n’ayant pas les moyens de contrer les hausses.
Les régimes non démocratiques sont d’autant plus vulnérables qu’ils n’ont pas les moyens sur le long terme de nourrir leurs populations. Les derniers évènements imprévisibles dans le Maghreb montrent une fois de plus l’importance, pour un pays, d’assurer la sécurité alimentaire des populations à nourrir grâce à une politique de production appropriée.
Exportatrice nette, la conjoncture de prix profite à toute la Turquie et à ses paysans en particulier. Dans l’Union européenne, la Pac et la valeur ajoutée des produits alimentaires vendus atténuent la flambée inflationniste, le prix des produits agricoles ne représentant plus qu’une infime partie du prix final (un à deux centimes par baguette par exemple). Dans le Maghreb, la moindre hausse des prix des produits agricoles se répercutent sur les prix des aliments de base.
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